Reprise des vols en Haïti-Après plusieurs mois de suspension, les vols réguliers entre Port‑au‑Prince et les villes de province reprendront à compter du 12 juin 2025, à la suite de la signature aujourd’hui d’un protocole d’accord entre l’État haïtien et Sunrise Airways . Cette reprise représente un pas important pour le redressement du transport intérieur, mis à mal par la violence des gangs armés.
Un protocole signé en présence des plus hautes autorités
La cérémonie de signature s’est déroulée ce jeudi 5 juin à l’aérogare Guy Malary, en présence du Premier ministre Alix Didier Fils‑Aimé, du ministre de l’Économie et des Finances Alfred Métellus, et du directeur général de l’Autorité Aéroportuaire Nationale (AAN), Yves Ducarmel François Philippe Bayard, PDG de Sunrise Airways, a quant à lui réaffirmé l’engagement de la compagnie : « Cette reprise envoie un message d’espoir à la population »
Un élément stratégique de l’accord : une garantie d’assurance complémentaire de l’État, pouvant couvrir jusqu’à 11 millions USD en responsabilité civile, afin de compenser le risque accru lié à la violence sécuritaire .
Des liaisons essentielles pour relier les régions
Les premières destinations concernées par la reprise sont Cap‑Haïtien, Jacmel, Jérémie et Les Cayes, désormais accessibles depuis Port‑au‑Prince via Sunrise Airways .Il s’agit d’un enjeu capital pour désenclaver les provinces, relancer les échanges économiques, et réduire la dépendance aux routes terrestres, souvent bloquées ou contrôlées par des groupes armés.
Sur le plan économique, cette initiative s’inscrit dans la stratégie gouvernementale de relance post‑crise, symbolisant la volonté de moderniser les infrastructures et de renforcer la cohésion nationale.
Réactions contrastées : espoir, mais prudence
Du côté des passagers, l’annonce est accueillie avec un mélange d’optimisme et de recommandations prudentes. Les autorités parlent d’un « test de résilience » face à la crise .Toutefois, de nombreux Haïtiens se demandent si les prix des billets resteront abordables : en 2024, un aller-retour entre Cap‑Haïtien et Port‑au‑Prince coûtait près de 298 USD, un tarif hors de portée de la majorité . À ce jour, aucune grille tarifaire n’a été communiquée.
La question de la sécurité reste centrale. Les aéroports secondaires sont vulnérables en raison de leur proximité géographique avec des zones sous tension, et aucun déploiement sécuritaire spécifique n’a été annoncé à ce stade.
Contexte de l’interruption et tenant du dossier
En mars 2024, la violence de gangs armés autour de Toussaint Louverture International Airport a conduit à la suspension de tous les vols commerciaux. Quelques mois plus tard, une vidéo relayée par la FAA mentionnait des tirs en vol sur des appareils, renforçant l’arrêt total.L’espace aérien international reste encore très limité. Toutefois, la reprise progressive des vols domestiques avec Sunrise Airways représente une lueur d’espoir pour la population. Beaucoup y voient un premier pas vers une normalisation, en attendant, peut-être bientôt, la relance des vols internationaux.
Enjeux pour l’avenir
La reprise programmée pour le 12 juin revêt une dimension symbolique forte : elle reflète la volonté politique de restaurer la mobilité interne, soutenir les économies locales, et envoyer un signal de détente sécuritaire à la communauté internationale.
Mais sans amélioration tangible du climat de sécurité, notamment sur les axes routiers menant aux aéroports, ni garanties tarifaires et logistiques, ce projet pourrait rester inachevé. Les promesses de résilience doivent être suivies de mesures concrètes : baisse des prix, renfort sécuritaire, et amélioration de l’accès aux provinces.
En somme, le protocole signé aujourd’hui instaure une reprise des vols intérieurs essentielle, mais fragile. Le 12 juin 2025 sera une date charnière : son succès dépendra de l’équilibre entre espoir et vigilance, entre engagement politique et réalité des défis sécuritaires et économiques.
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