
Le président colombien Gustavo Petro visite Haïti pour la deuxième fois en 2025, réaffirmant l’engagement de la Colombie à renforcer la sécurité dans un pays ravagé par la violence des gangs, et annonce l’ouverture de sa nouvelle ambassade à Port‑au‑Prince.
Petro renforce la coopération bilatérale

En visite officielle à Port-au-Prince le vendredi 18 juillet 2025, le président colombien Gustavo Petro a réitéré le soutien de son pays face à la situation sécuritaire critique que traverse Haïti. Il a annoncé l’ouverture d’une ambassade colombienne à Port-au-Prince. Ce geste constitue un symbole fort de coopération diplomatique entre les deux États. Petro s’est exprimé depuis les locaux de la mission : « Le temps est venu de véritablement s’unir. »
Pendant son séjour, le président colombien a rencontré le Premier ministre haïtien ainsi que les membres du Conseil présidentiel de transition. Les discussions, tenues à huis clos, ont porté sur des projets concrets dans plusieurs domaines : sécurité, commerce, éducation, agriculture et lutte contre le trafic de drogues.
Sécurité : formation et équipement pour les forces haïtiennes
La Colombie s’engage à former la police nationale haïtienne. Des délégations haïtiennes ont visité des installations publiques d’armement en Colombie pour évaluer leurs capacités de défense. Un accord de coopération défensive, signé en janvier 2025, prévoit une formation dans les domaines tactiques et logistiques pour les forces haïtiennes.
Contexte sécuritaire dramatique et défis persistants
La visite intervient dans un contexte de crise profonde. Plus de 90 % de Port-au-Prince est désormais sous le contrôle de gangs armés, tandis que les violences s’étendent aux régions centrales du pays. Selon l’ONU, entre octobre 2024 et juin 2025, au moins 4 864 personnes ont été tuées. Par ailleurs, 1,3 million de personnes ont été déplacées à l’intérieur du pays.
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) signale qu’un million de personnes ont été déplacées rien qu’en 2024, principalement à Port-au-Prince. L’ONU et Human Rights Watch alertent sur les limites de la mission de sécurité internationale dirigée par le Kenya (MSS), jugée sous-financée et faiblement équipée en ressources humaines et matérielles.
Le Conseil de sécurité des Nations Unies avertit que le temps presse pour stabiliser le pays. Il souligne que l’État haïtien pourrait perdre le contrôle de son territoire de façon irréversible.
Un message d’alliance et un geste symbolique

Malgré l’annulation de la conférence de presse à la dernière minute, quelques manifestants ont exprimé leur colère devant la nouvelle ambassade. Ils ont évoqué les 17 ex-soldats colombiens accusés dans l’assassinat de Jovenel Moïse, accusations que leurs familles continuent de rejeter. Le président Petro avait déjà présenté ses excuses aux Haïtiens lors d’une visite à Jacmel en janvier. Il y reconnaissait la responsabilité des Colombiens dans cette tragédie et affirmait sa volonté de renforcer l’amitié historique entre les deux nations.
Cette seconde visite en 2025, davantage centrée sur la capitale, marque un tournant diplomatique. Elle traduit un engagement concret de la Colombie à aider Haïti. Il s’agit notamment de restaurer l’État de droit, de sécuriser les citoyens et de préparer l’organisation des élections prévues avant février 2026.
En dépit des tensions persistantes, cette visite symbolise un pas important vers une solidarité régionale renouvelée. Elle repose sur trois piliers : la sécurité, l’éducation et l’aide humanitaire. C’est un signal fort dans un pays en quête urgente de stabilité.
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