Un Parlement inactif qui pèse lourd

Depuis plusieurs années, une institution clé du pays demeure inactive tout en continuant à mobiliser des milliards de gourdes issus des contribuables. Alors que la crise économique s’intensifie, cette situation interroge sur l’avenir et la légitimité même du Parlement haïtien.

Depuis bientôt cinq ans, le Parlement haïtien ne joue plus aucun rôle institutionnel. Pourtant, il continue de consommer des ressources colossales de l’État. Selon des données officielles, cette structure, qui n’adopte plus de lois ni ne contrôle l’exécutif, a déjà coûté plus de 10 milliards de gourdes aux finances publiques.

Bâtiment du Parlement haïtien abandonné, reflet du gaspillage financier du Parlement dysfonctionnel.

Pour l’exercice budgétaire 2024-2025, un crédit de 3,5 milliards de gourdes lui est encore alloué. L’essentiel de ce montant – environ 3,4 milliards – est destiné aux salaires et avantages de près de 4 000 employés. Une partie de ces salariés reçoit leur traitement par virement bancaire, tandis que d’autres doivent se rendre dans un local étroit à Delmas pour retirer leur chèque sans rien faire pour les avoir.

Une source au ministère de l’Économie et des Finances alerte : si aucune décision n’est prise rapidement, cette institution fantôme pourrait gruger encore près de 3,6 milliards de gourdes d’ici septembre 2025. Le dernier relevé de paie publié pour mars 2025 révèle une charge salariale mensuelle de 172 millions de gourdes. Le Sénat emploie 1 469 personnes, contre 2 357 pour la Chambre des députés.

Alors que le pays traverse une grave crise économique et que les demandes sociales se multiplient, le financement d’un Parlement inopérant soulève de vives critiques. Plusieurs voix s’élèvent pour réclamer une révision en profondeur du système parlementaire, voire une réforme constitutionnelle, afin d’éviter la répétition de telles dérives.

En théorie, les parlementaires haïtiens sont chargés de faire les lois et de veiller sur l’exécutif. En pratique, cette mission est totalement abandonnée, laissant derrière elle une structure coûteuse et sans légitimité démocratique.

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