📰 Millionnaires par le sang : quand les gangs s’enrichissent sur la violence

Port-au-Prince, Caracas, Lagos — Ils ne possèdent ni startup ni entreprise cotée en bourse. Et pourtant, ils vivent dans le luxe, dirigent des réseaux transnationaux, et accumulent des fortunes. Ce sont des chefs de gangs, bâtissant leur empire sur le sang, le crime et la terreur. En 2025, leur richesse n’a rien à envier à celle de certains oligarques.

Une économie parallèle en plein essor

Le phénomène n’est pas marginal. L’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) estime que le crime organisé transnational génère près de 870 milliards de dollars par an, soit 1,5 % du PIB mondial (source ONUDC). Ce chiffre englobe le trafic de drogue, d’armes, la traite humaine, les enlèvements, l’extorsion, et le blanchiment d’argent.

En Haïti, où l’État a perdu le contrôle de vastes territoires, des groupes armés comme Viv Ansanm imposent leur loi, taxent les marchandises, pillent les convois humanitaires et rançonnent la population. Dans ce contexte, les chefs de gangs sont devenus des millionnaires locaux, visibles et parfois même respectés dans certains quartiers défavorisés.

Des exemples internationaux : du crime au cash

À l’international, les exemples sont légion. Joaquín “El Chapo” Guzmán, chef du cartel de Sinaloa, a bâti un empire évalué à plusieurs milliards de dollars. En Afrique, des chefs de guerre utilisent l’or, les diamants ou le pétrole pour financer leurs activités, comme cela a été documenté dans des zones de conflits en RDC, au Nigeria ou au Mali.

Ce sont des entreprises criminelles structurées : hiérarchies militaires, blanchiment via des entreprises écrans, réseaux internationaux… Le modèle est parfois plus organisé qu’un État.

Une menace globale pour la société

Les conséquences sont dramatiques. Le crime organisé sape les bases des démocraties, corrompt les institutions, affaiblit les économies locales. Dans certains pays d’Amérique latine, des gangs fournissent sécurité, nourriture et emplois à la place des autorités, devenant des États dans l’État.

Selon Reliefweb, en Haïti, les gangs utilisent le contrôle territorial comme une monnaie d’échange politique (source Reliefweb).

Résistance internationale : de l’action, mais insuffisante

En réponse, Interpol a lancé en 2023 l’opération « Lionfish Hurricane » : 615 tonnes de drogues saisies, 206 arrestations, pour une valeur estimée de 1,6 milliard de dollars (source The Sun). Mais cela reste une goutte d’eau dans l’océan.

Parallèlement, la Banque interaméricaine de développement a financé une alliance de 16 pays d’Amérique latine et des Caraïbes pour lutter contre les mafias, avec un budget initial d’un milliard de dollars (source Reuters).

Le phénomène des chefs de gangs millionnaires illustre les failles du système mondial. Leur succès n’est pas seulement une question de brutalité, mais aussi d’opportunisme, de corruption, et de vide institutionnel. La solution ne peut être uniquement répressive : il faudra repenser la lutte contre la pauvreté, renforcer les institutions, et rétablir la confiance dans l’État.

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