Chaque jour, des centaines de rapatriés haïtiens à la frontière de Ouanaminthe et Dajabón racontent leurs parcours brisés. Expulsés souvent sans explication, ils oscillent entre douleur, humiliation et lueur d’espoir pour reconstruire leur vie de l’autre côté de la ligne frontalière.
Expulsions massives et récits douloureux
Depuis plusieurs mois, la République dominicaine intensifie ses opérations migratoires, entraînant des vagues d’expulsions d’Haïtiens. Sur le pont reliant Ouanaminthe et Dajabón, hommes, femmes et enfants franchissent la frontière, souvent sans rien d’autre qu’un sac plastique. Les rapatriés haïtiens à la frontière racontent des scènes marquées par la brutalité.
Jean-Baptiste, 32 ans, originaire de Hinche, témoigne : « Ils ont frappé à ma porte en pleine nuit à Santiago. Je n’ai même pas eu le temps de prendre mes papiers. » Comme lui, des milliers disent avoir été humiliés et transportés comme du bétail jusqu’à la frontière, après avoir parfois vécu plus d’une décennie en République dominicaine.
ONG et solidarité limitée
Au poste frontalier de Ouanaminthe, quelques ONG tentent d’apporter un peu de réconfort : de l’eau, une couverture, un repas chaud. Mais ces aides restent insuffisantes. Une jeune mère, son bébé dans les bras, explique : « Nous ne sommes pas des criminels. Nous cherchions juste une vie meilleure. »
Face à cette crise, l’État haïtien reste discret, malgré la gravité de la situation. Beaucoup dénoncent un silence coupable et une absence de mesures concrètes pour soutenir ces populations fragilisées.
Une frontière qui divise et qui blesse
Au-delà des expulsions, cette réalité illustre une fracture humaine profonde. Les rapatriés haïtiens à la frontière symbolisent une population rejetée, oscillant entre désespoir et volonté de rebondir. Des voix s’élèvent des deux côtés : certaines réclament plus de sécurité, d’autres appellent au respect des droits humains.
À Ouanaminthe, la frontière résonne des cris, des pleurs mais aussi d’un souffle d’espérance. Car malgré la douleur, ces hommes et femmes rêvent toujours de dignité et d’un avenir meilleur sur leur terre natale.