Face à l’échec apparent de la Mission multinationale de soutien à la sécurité (MMSS) à contenir l’explosion de la violence en Haïti, l’ancien ministre des Affaires étrangères, Bocchit Edmond, a formulé une proposition audacieuse : la création d’une Mission interaméricaine pour restaurer la sécurité et la démocratie.
Cette nouvelle initiative, présentée lors d’une conférence virtuelle avec des membres de la diaspora et des diplomates latino-américains, s’appuie sur deux piliers juridiques solides : la Charte démocratique interaméricaine et le Traité interaméricain d’assistance réciproque (TIAR). Selon M. Edmond, ces instruments offrent un cadre légitime pour une intervention régionale coordonnée, avec l’objectif clair de restaurer l’ordre constitutionnel et la paix civile dans un pays en proie à une crise systémique.
« Il ne s’agit pas seulement de sécurité, mais de souveraineté partagée et de responsabilité collective », a souligné Bocchit Edmond dans sa déclaration, appelant les États membres de l’Organisation des États américains (OEA) à faire preuve de leadership et de solidarité.
Parmi les missions prioritaires évoquées figurent le désarmement des gangs armés, la sécurisation des infrastructures critiques (ports, aéroports, hôpitaux), ainsi que le soutien à un processus électoral crédible et inclusif. Il s’agirait d’une force régionale d’appui, composée essentiellement de pays du continent américain, afin de favoriser une meilleure acceptabilité politique au sein de la population haïtienne.
Cette annonce survient alors que la MMSS, soutenue par les Nations Unies et conduite principalement par le Kenya, peine à démontrer son efficacité sur le terrain. Plusieurs observateurs nationaux et internationaux estiment que l’absence de coordination avec les forces locales et la lenteur du déploiement compromettent la réussite de cette mission.
Bocchit Edmond, qui fut représentant d’Haïti à l’OEA, mise sur une approche diplomatique régionale pour mobiliser le consensus nécessaire. Il a d’ores et déjà entamé des pourparlers informels avec plusieurs chancelleries de la région, notamment celles du Brésil, de la République dominicaine et des États-Unis.
La proposition, encore à l’état de projet, devra passer par de nombreuses étapes diplomatiques avant de devenir réalité. Mais elle relance le débat sur les alternatives viables à la crise sécuritaire et politique haïtienne.