En quatre ans,Haiti compte des territoires perdus, au moins 28 zones du pays sont passées sous le contrôle de groupes armés, selon le CARDH. Face à l’inaction persistante des autorités, des millions d’Haïtiens vivent l’insécurité comme une fatalité. Voici un éclairage humain et documenté sur cette réalité qui redessine le territoire.
Depuis 2021, Haïti vit une décomposition accélérée de son autorité étatique. De la capitale Port-au-Prince à l’Artibonite, les gangs armés ont tissé leur toile dans des quartiers jadis accessibles. En 2025, selon le Centre d’analyse et de recherche en droits de l’homme (CARDH), 28 zones sont désormais qualifiées de « territoires perdus ». Ce constat alarmant résume une tragédie qui n’a rien d’accidentel.

L’emprise des gangs en chiffres
Le CARDH documente avec rigueur cette descente aux enfers :
- 28 territoires sous contrôle gangstérisé entre juin 2021 et 2025.
- 4 716 assassinats, dont 136 policiers tués ou portés disparus.
- 3 363 enlèvements recensés sur la même période.
- 1 064 935 déplacés internes, contraints de fuir leurs maisons.
- 724 institutions affectées, dont 102 publiques et 622 privées vandalisées ou délocalisées.
Ces chiffres ne sont pas abstraits. Ils traduisent l’effondrement progressif d’un État incapable d’assurer la sécurité de ses citoyens.
comment en est-on arrivé là ?
Tout a basculé avec l’attaque de Martissant en juin 2021. Depuis, les groupes criminels ont conquis une zone après l’autre, exploitant le vide laissé par l’État et la faiblesse chronique des forces de sécurité. En parallèle, les sanctions internationales contre les armes ont privé la Police nationale des moyens nécessaires, tandis que les gangs se renforçaient grâce à des connexions transnationales.
une nation en errance
Derrière les chiffres, des familles éclatées, des enfants privés d’école, des femmes violées, des hommes tués ou enrôlés de force. À Cité Soleil, Croix-des-Bouquets ou encore Carrefour-Feuilles, les déplacés vivent dans des abris de fortune, sans services de base, dans une détresse psychologique immense. Beaucoup ne croient plus à un retour possible.
et maintenant ?
Le CARDH propose une série de recommandations concrètes : renforcer la PNH, créer une prison de haute sécurité, offrir des alternatives de réinsertion aux jeunes enrôlés. Mais sans volonté politique réelle, ces propositions resteront lettre morte. Ce drame est celui d’une nation entière abandonnée à son sort. La question n’est plus de savoir si l’État a failli. Il faut maintenant reconstruire ce qui peut encore l’être.
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