Dans une interview accordée à Al Jazeera, le haut responsable du Hamas Mousa Abu Marzouk a affirmé que le mouvement acceptait, en principe, de transférer l’administration de Gaza à des indépendants placés sous l’autorité de l’Autorité palestinienne. Toutefois, il insiste sur la nécessité de négocier les détails, notamment sur les armes et les forces de maintien de la paix — des points qui requièrent des éclaircissements et des compromis.
L’annonce de Mousa Abu Marzouk marque un tournant déclaré dans la position de Hamas, jusqu’ici farouchement opposé à toute remise en cause de son pouvoir dans la bande de Gaza. Mais si l’idée de confier l’administration de Gaza à des « indépendants » peut paraître rassurante pour certains, elle reste entourée de nombreuses zones d’ombre — et d’une forte dose de prudence.
L’administration de Gaza : une libéralisation sous conditions
Abu Marzouk a précisé qu’un “accord national” existait pour transférer la gestion civile de Gaza à des personnalités indépendantes, dont la référence serait l’Autorité palestinienne.Il a toutefois insisté sur le fait que Hamas ne pourrait décider seul du sort de Gaza, soulignant que le mouvement était prêt à participer à des négociations collectives.
Cette proposition est liée à l’offre de plan de paix présentée par Donald Trump : un cessez-le-feu, un retrait israélien progressif, et la création d’un mécanisme de gouvernance neutre. Hamas dit accepter ces lignes directrices “en principe”.Mais Abu Marzouk souligne aussi que la mise en œuvre du plan “requiert des négociations détaillées par l’intermédiaire de médiateurs”.
Armes, désarmement et forces étrangères : les points de friction
L’un des volets les plus litigieux concerne la question des armes. Abu Marzouk indique que Hamas est prêt à “remettre ses armes à l’État palestinien futur” et à négocier tous les aspects liés à cette remise. Pourtant, il a également averti qu’un désarmement trop rapide serait inacceptable sans garanties.
Un autre sujet épineux est la présence de forces de maintien de la paix. Abu Marzouk veut des “clarifications” sur leur nature, leur mandat et leur déploiement, insistant sur le fait que ces détails doivent faire l’objet de négociations.Il rejette l’idée que des puissances externes puissent avoir un rôle unilatéral sans consensus palestinien.
Vers un réel changement ou un simple repositionnement ?
Sur le papier, le Hamas paraît s’ouvrir à des compromis. Mais en pratique, beaucoup de conditions sont posées : la finalisation des négociations, la nature des forces de sécurité, la remise des armes. Le mot “administration” revient ainsi comme clé de voûte du débat — dans l’esprit du Hamas, elle symbolise la possibilité d’un retrait du pouvoir politique direct, tout en conservant un levier sur les questions stratégiques.
La route est étroite. Si les médiateurs parviennent à cimenter un consensus palestinien, le plan pourrait contribuer à sortir Gaza de l’ornière. Mais en l’absence de garanties fiables, nombre d’observateurs jugent que Gaza pourrait rester dans une phase de transition incertaine, oscillant entre promesses et défaites. Le mot administration continuera de structurer le dialogue — non seulement entre les factions palestiniennes, mais aussi avec Israël et la communauté internationale.
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