Dans un pays en proie à l’incertitude, la venue du militant panafricaniste Kémi Séba a suscité autant de curiosité que d’espoir. Sous le soleil capois, des dizaines de personnes se sont réunies pour entendre un homme dont les mots dérangent, mais éveillent.

Un parcours de lutte au nom de l’Afrique
Né en 1981 à Strasbourg sous le nom de Stellio Gilles Robert Capo Chichi, Kémi Séba est l’une des figures les plus controversées du panafricanisme moderne. Très jeune, il s’engage dans des mouvements radicaux, avant de se recentrer sur un combat plus idéologique : celui de la souveraineté des peuples africains. Fondateur de l’ONG Urgences Panafricanistes, il milite contre le néocolonialisme, notamment en dénonçant le franc CFA comme symbole de domination économique.
En 2024, ses prises de position lui valent la perte de sa nationalité française. Mais loin de l’affaiblir, cette sanction semble avoir renforcé sa détermination à parcourir le continent – et ses diasporas – pour y porter un message d’unité, de dignité et de résistance.
En Haïti, une écoute particulière
Le 29 mai 2025, Kémi Séba était au Cap-Haïtien, accueilli par une foule jeune, curieuse, parfois émue. Dans une salle comble, il a abordé la question de l’ingérence étrangère, de la violence et du besoin de reconquête culturelle.
« Vous ne pouvez pas tirer sur votre peuple pendant que ceux qui vous ont armés observent de loin. Haïti n’est pas un laboratoire. Haïti est le symbole de notre lutte pour la liberté », a-t-il lancé, le ton ferme, face à un public attentif.
Il a également adressé un message aux membres des groupes armés, leur lançant un appel audacieux : abandonner la violence gratuite pour s’unir face aux véritables causes de la misère haïtienne, qu’il attribue à une domination extérieure persistante.
Une tournée militante qui dépasse les frontières
Avant Haïti, Séba a visité l’Éthiopie, le Gabon, et la RDC. Partout, son message reste le même : inciter les jeunes Africains et afro-descendants à se réapproprier leur destin. Le mois précédent, il recevait un doctorat honorifique en sciences politiques de l’Université Bel Campus, en RDC, saluant « son influence dans la conscience panafricaine contemporaine ».
Lire aussi:https://fiableactus.com/haiti-territoires-perdus-2021-2025/