L’État haïtien laisse faire les gangs armés pendant les examens nationaux

Alors que des milliers d’élèves passent les examens officiels de la 9e Année Fondamentale, plusieurs zones du pays, dont Carrefour, sont livrées à des groupes armés. En l’absence totale des forces de l’ordre, ces acteurs non étatiques assurent la sécurité et le bon déroulement des épreuves, avec la passivité silencieuse de l’État.

Gangs armés à Carrefour__Ce lundi 30 juin, jour d’ouverture des examens de la 9e Année Fondamentale à l’échelle nationale, des milliers d’élèves haïtiens se sont présentés dans leurs centres d’épreuves. À Carrefour, cependant, une scène troublante s’est imposée : des rues et intersections surveillées non par la Police nationale d’Haïti mais par des hommes armés, en treillis, assurant la gestion de la circulation et le maintien du calme. L’État, à travers ses unités DCPR et EDUPOL, était totalement absent.

Le MENFP, pour sa part, assure que toutes les mesures ont été prises : distribution des fiches, mobilisation des superviseurs et consignes aux encadrants. Pourtant, à Carrefour, la réalité est tout autre : depuis plus d’un an, des groupes armés contrôlent ce territoire, imposant leur propre autorité. Le ministère n’a visiblement pas envisagé de solution alternative, comme la relocalisation des centres ailleurs, malgré la pression sécuritaire croissante.

Une autorité parallèle normalisée

Cette situation s’inscrit dans un contexte d’insécurité généralisée : des affrontements entre gangs ont entraîné le déplacement de plusieurs centres d’examens, notamment dans des zones comme Martissant ou le bas de Delmas. À Fontamara, Thor, Bizoton, Mon Repos et d’autres secteurs, ce sont les armes, et non la loi républicaine, qui encadrent les élèves ce matin.

Le silence d’un État effacé

Le ministère de l’Éducation semble contraint : son choix ? Maintenir les examens, malgré l’absence de l’État dans cette commune stratégique. Les populations locales subissent cette normalisation inquiétante, où une grève décrétée récemment par les gangs s’est transformée en mission de service civique pour assurer la passation des examens.

Au-delà de l’organisation scolaire, c’est la question de la souveraineté de l’État haïtien qui se pose. Car pendant qu’une minorité passe les examens, l’État écrit hors du cadre légal, acceptant de fait une sécurisation privative, dangereusement parallèle. Une fissure inquiétante dans la République, sous les yeux des élèves de la 9e Année Fondamentale.

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