Le One Big Beautiful Bill adopté par le Congrès confirme une victoire majeure pour Donald Trump, mais ce coup de force législatif suscite des critiques acerbes, notamment à cause de l’explosion de la dette américaine et de coupes drastiques dans les programmes sociaux.
Un succès politique… contesté
Le One Big Beautiful Bill a été approuvé par la Chambre des représentants le 3 juillet 2025, par 218 voix contre 214, après un marathon de débats et une pression intense de la Maison‑Blanche. Ce texte réunit plus de 800 pages mêlant prolongation des réductions fiscales de 2017, exonération d’impôt sur les pourboires et heures supplémentaires, allègement de la fiscalité pour les seniors, mais également augmentation massive du budget militaire et des contrôles migratoires .
Le vote a été marqué par une manoeuvre parlementaire serrée : la majorité républicaine, uniquement de huit sièges, a dû compter sur les appels directs de Trump « MAGA n’est pas content » et la voix décisive du vice‑président J.D. Vance au Sénat.
…mais une bombe dans la dette publique
Cette loi est critiquée pour son impact sur les finances publiques. Le Congressional Budget Office (CBO) estime que le One Big Beautiful Bill entraînera un creusement de la dette de 3,3 à 3,4 000 milliards $ d’ici à 2034. D’autres sources, comme la CBO et le Committee for a Responsible Federal Budget, évoquent même un impact pouvant atteindre 3,9 000 milliards.
Ces chiffres incluent les intérêts, dont le coût s’élèverait à 669 milliards $ sur la décennie. Selon les experts, le déficit grandissant pourrait affaiblir la confiance des investisseurs, augmenter les taux d’intérêt et entrainer l’érosion du rôle du dollar comme monnaie de réserve mondiale.
Des coupes brutales dans la santé et les aides sociales
Pour compenser partiellement le déficit, le texte supprime ou diminue des programmes fédéraux :
- Medicaid : coupes massives, introduction d’un work requirement, menant potentiellement 11 à 12 millions d’Américains à perdre leur couverture santé.
- SNAP (bons alimentaires) : réduction drastique des aides.
- Crédits énergie verte : de nombreuses incitations à la transition écologique supprimées .
Les critiques parlent d’un méga‑plan fiscal qui favorise les plus riches au détriment des plus fragiles.
Un débat de fond : croissance ou déséquilibre ?
Les républicains mettent en avant le mantra de la croissance : soutenir l’économie, sécuriser la frontière et renforcer l’armée. Selon eux, le One Big Beautiful Bill permettra de « slasher le ratio dette/PIB à 94 % d’ici 2034 ».
En revanche, de nombreux économistes dénoncent une manipulation des prévisions budgétaires. Cette technique serait utilisée par la Maison-Blanche pour masquer l’ampleur réelle des dépenses. Par ailleurs, plusieurs voix modérées et démocrates alertent sur une « politique Robin des Bois inversée » : prendre aux pauvres pour donner aux riches.
Un tournant risqué
Le One Big Beautiful Bill s’impose comme une pièce maîtresse du second mandat de Donald Trump. Il reflète sa stratégie politique. Toutefois, cette loi marque aussi une rupture avec la discipline budgétaire. Elle inclut en effet des coupes sociales sans précédent.
Dans un contexte où la dette américaine atteint déjà 36 200 milliards de dollars, cette orientation suscite de vives inquiétudes. Des millions de citoyens risquent de perdre leur couverture santé. En parallèle, le poids du service de la dette continue de peser sur le budget fédéral.
Dès lors, une question majeure se pose : ce pari audacieux en faveur de la croissance portera-t-il ses fruits ? Ou précipitera-t-il une nouvelle crise économique ?
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