Depuis deux semaines, la mairie de Pétion-Ville a instauré le jeudi comme journée de propreté afin de lutter contre l’accumulation des déchets. Marchés fermés, trottoirs libérés et ordures ramassées : une opération ambitieuse menée par la municipalité, appuyée par l’État central et la population.
Un défi sanitaire urgent
Le maire Kesner Normil a lancé cette initiative face à une situation devenue critique. L’amas de détritus envahissait les rues, aggravé par l’arrivée massive de déplacés fuyant l’insécurité dans les communes voisines. Selon lui, « assainir Pétion-Ville est une nécessité pour la sécurité sanitaire ». Chaque jeudi, agents de la voirie, MTPTC et ministère de l’Environnement se mobilisent pour le ramassage, transformant momentanément les principales artères en espaces dégagés.
Des commerçants entre nécessité et discipline
Si l’appel a été largement respecté, certains commerçants restent réticents. Malgré l’interdiction, quelques-uns continuent de vendre à la sauvette, invoquant leur besoin quotidien de revenus. « Nous comprenons le travail de la mairie, mais si nous ne sortons pas, nous ne mangeons pas », confie une marchande. Le maire reconnaît ces difficultés, surtout pour ceux qui vivent à crédit, mais il reste ferme : l’occupation anarchique des trottoirs doit cesser pour que la journée de propreté prenne tout son sens.
Vers une nouvelle culture collective
Pour Kesner Normil, la solution repose sur une meilleure utilisation des marchés publics, souvent délaissés au profit de la vente informelle. Il cite le marché Kokoye, déserté, alors que les vendeurs envahissent encore la Route de Frères. La mairie promet de poursuivre ce rendez-vous hebdomadaire et de « mobiliser tous les moyens légaux » pour ancrer une discipline durable.
Le jeudi de propreté à Pétion-Ville devient ainsi un symbole : au-delà du simple nettoyage, il marque une tentative de réconcilier l’espace public avec ses habitants et d’instaurer une nouvelle culture du civisme.
