Port-au-Prince, 13 mai 2025 – Plusieurs organisations de la société civile haïtienne haussent le ton face à l’absence prolongée du référendum constitutionnel promis depuis plus de deux ans par les autorités. Annoncé comme un tournant politique majeur, le scrutin qui devait permettre l’adoption d’une nouvelle Constitution n’a jamais vu le jour. Une situation que ces organisations qualifient désormais de « grave manquement démocratique ».
Des coalitions citoyennes, des plateformes de défense des droits humains, ainsi que des mouvements syndicaux dénoncent un silence gouvernemental persistant autour de ce processus pourtant présenté comme essentiel à la refondation de l’État haïtien. « On ne peut pas mobiliser des millions de dollars, sensibiliser une population déjà en difficulté, puis abandonner l’initiative sans rendre de comptes », affirme Marie-Laurence Étienne, porte-parole du Collectif Citoyen pour la Démocratie.
Au fil des mois, l’enthousiasme initial s’est transformé en frustration générale. Alors que le gouvernement avait initialement évoqué l’insécurité, les tensions sociales et les obstacles logistiques pour justifier les nombreux reports, aucune feuille de route claire n’a été rendue publique à ce jour. La société civile s’interroge désormais : le référendum a-t-il été réellement abandonné, ou suspendu de manière indéfinie ?
Face à cette opacité, des institutions comme l’Office de la Protection du Citoyen (OPC), appuyées par plusieurs ONG nationales, réclament un audit complet des fonds alloués au processus, ainsi qu’une communication transparente sur son avenir. Le risque, selon plusieurs observateurs, est de creuser encore davantage le fossé entre l’État et une population déjà fragilisée par des années d’instabilité politique, économique et sécuritaire.
Plusieurs experts en gouvernance soulignent que l’élaboration d’une nouvelle Constitution devait marquer la fin d’un système politique jugé inefficace et source de blocages institutionnels. Le retard prolongé alimente également les craintes d’une instrumentalisation politique, dans un contexte où l’absence d’élections et la gestion par décrets soulèvent de vives critiques.
Pour nombre d’acteurs de la société civile, ce référendum manqué incarne désormais le symbole d’un État déconnecté des priorités citoyennes. Ils demandent non seulement des explications, mais aussi un nouveau calendrier, des engagements concrets et la relance d’un dialogue national inclusif.
Le référendum, initialement présenté comme une réponse à la crise démocratique haïtienne, est aujourd’hui devenu le revers d’un espoir populaire déçu.