Algérie : le Parlement adopte une loi criminalisant la colonisation française

Dans un contexte de relations diplomatiques tendues entre Alger et Paris, le Parlement algérien a adopté, ce mercredi 24 décembre, une loi qualifiant la colonisation française de « crime d’État ». Ce texte, hautement symbolique, relance le débat mémoriel entre les deux pays.

Le Parlement algérien a franchi un nouveau cap dans la reconnaissance officielle des crimes liés à la période coloniale française. Réunis en séance plénière, les 407 députés ont validé un projet de loi criminalisant la colonisation française de l’Algérie. Cette période s’est étendue de 1830 à 1962.

Dès l’ouverture, la séance s’est déroulée au son de l’hymne national. Ainsi, la portée politique et historique du vote a été immédiatement affirmée. Pour les auteurs du texte, cette loi constitue un acte de souveraineté. Elle représente également un devoir de mémoire envers les sacrifices du peuple algérien.

Un message politique et mémoriel fort

Selon le président de l’Assemblée populaire nationale, Brahim Boughali, ce texte envoie un message politique clair. Il a souligné qu’il reflète l’attachement de l’Algérie à ses droits historiques. Par ailleurs, il vise à défendre la mémoire nationale.

Cette initiative intervient toutefois dans un contexte diplomatique tendu avec la France. En effet, les relations entre Alger et Paris connaissent de nouvelles crispations. En 2021, le président français Emmanuel Macron avait reconnu que la colonisation relevait de crimes contre l’humanité. Néanmoins, aucune excuse officielle n’avait été présentée au nom de l’État français.

Des excuses et des réparations exigées

Le projet de loi prévoit explicitement des excuses officielles de la France pour les crimes commis durant la période coloniale. Ces excuses sont présentées comme un préalable indispensable à toute réconciliation mémorielle entre les deux pays.

Le texte détaille, en cinq chapitres, les exactions reprochées à la puissance coloniale, notamment les tortures, les pillages et les exécutions. Il réclame également la restitution complète des archives historiques détenues par la France.

Indemnisations et sanctions prévues

La loi prévoit une indemnisation jugée complète et équitable pour les préjudices matériels et moraux causés par la colonisation. Elle exige aussi la remise des cartes des sites minés et des zones d’essais nucléaires, ainsi que leur décontamination.

Des peines de prison ferme sont prévues pour toute glorification de la période coloniale sur le territoire algérien. Il s’agit de la troisième tentative depuis 2001 d’adopter une telle loi, après un blocage notable en 2005 sous la présidence de Abdelaziz Bouteflika.

Côté français, le ministère des Affaires étrangères a indiqué ne pas commenter des débats relevant de la politique intérieure d’un État souverain.

0 0 votes
Évaluation de l'article

Laisser un commentaire

0 Commentaires
Le plus récent
Le plus ancien Le plus populaire
Commentaires en ligne
Afficher tous les commentaires
0
Nous aimerions avoir votre avis, veuillez laisser un commentaire.x