L’Union européenne se trouve face à une décision historique : l’utilisation des avoirs russes gelés, estimés à plus de 210 milliards d’euros, pour soutenir l’Ukraine. Entre enjeux juridiques, divisions internes et réactions internationales, Bruxelles est confrontée à un choix stratégique qui pourrait redéfinir le rôle de l’Europe dans la guerre russo-ukrainienne.
Une manne gelée sous examen européen
Depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022, l’UE a gelé les avoirs russes. Ces fonds, majoritairement détenus par la Banque centrale de Russie et déposés chez Euroclear, représentent aujourd’hui un levier inédit pour Kiev. Le 12 décembre 2025, l’UE a voté le gel permanent de ces actifs. Cette décision soulève des questions juridiques et économiques, car certains craignent des poursuites ou des représailles de Moscou si les fonds sont utilisés pour soutenir l’Ukraine.
Prêt de réparation ou confiscation ?
Le débat central porte sur un mécanisme de prêt de réparation. Les fonds russes seraient garantis pour accorder à l’Ukraine un financement remboursable uniquement si Moscou s’engage à verser des réparations. Cette méthode évite la classification de confiscation pure et simple et limite les risques juridiques pour les États européens. De plus, la Commission européenne a présenté un cadre détaillé, incluant des prêts de plusieurs dizaines de milliards pour 2026-2027, garantis par ces actifs gelés.
Divisions au sein de l’UE
Plusieurs capitales soutiennent le projet, mais certains pays s’y opposent. La Belgique, sous Bart De Wever, réclame des garanties solides pour ne pas assumer seule les risques financiers. La Hongrie et la Slovaquie contestent également l’idée, la jugeant potentiellement illégale ou susceptible de prolonger le conflit. Ces oppositions révèlent une fracture européenne profonde entre soutien actif à Kiev et prudence juridique stricte. Cette division complique la cohésion nécessaire pour trancher ce dossier stratégique.
Réactions internationales et enjeux stratégiques
La Russie a dénoncé le projet comme une violation du droit international et menace des poursuites contre Euroclear et les États participants. Les États-Unis soutiennent l’Ukraine, mais recommandent une approche prudente. Volodymyr Zelensky insiste pour que les fonds gelés soient utilisés rapidement. Cette décision pourrait renforcer la crédibilité de l’UE comme acteur stratégique mondial. Sinon, elle risquerait d’affaiblir son action commune face à Moscou et à ses alliés.
Vers un tournant historique
Bruxelles se trouve à un carrefour décisif. La mobilisation des avoirs russes pourrait transformer le soutien européen à Kiev et marquer un tournant géopolitique majeur. L’issue de ce débat déterminera la capacité de l’UE à gérer des crises financières et politiques d’envergure et à affirmer son rôle sur la scène internationale.
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Eric Hightower
Chroniqueur & Analyste géopolitique – FiableActus