
par Eric Hightower
Maranello.
2025 devait être l’année Ferrari. Une année mythique, portée par une ambition affichée, une équipe étoffée, deux pilotes stars, et une attente de victoire que seule la Maison Rouge peut susciter. L’arrivée de Lewis Hamilton aux côtés de Charles Leclerc n’était pas un simple transfert : c’était une déclaration d’intention, un moment iconique pour une écurie qui cherchait à reprendre sa place au sommet de la Formule 1.
Une image symbolise cette hype plus que toute autre : Hamilton, en combinaison rouge, devant Fiorano, regard tourné vers l’usine qui a forgé des légendes. Une photo censée annoncer le retour de Ferrari dans la course aux titres.
Mais la réalité, elle, a été implacable.
Alors que McLaren remportait le Championnat des Constructeurs avec 833 points, surpassant Mercedes (469 pts), Red Bull (451 pts) et Ferrari (398 pts) selon le classement officiel, la Scuderia, elle, se retrouve en quatrième position, loin de l’objectif affiché. (Formula 1® – The Official F1® Website)
Une saison promise… mais vite mal engagée
Du rêve à la réalité : la SF-25 sur piste
La SF-25, monoplace engagée par Ferrari en 2025, devait être un vecteur de renouveau. La voiture reprenait une architecture aérodynamique évolutive avec l’espoir de combiner vitesse pure, stabilité en virage et appui efficace. Beaucoup l’ont vue comme une plateforme techniquement solide sur le papier.
Sur la piste, les choses ont été plus complexes. Dès les premiers Grands Prix, Ferrari a montré des signes d’instabilité en qualifications et une incapacité à suivre, sur l’ensemble d’un week-end, les évolutions agressives des leaders McLaren et les performances brutales de Red Bull. Trop souvent, la voiture s’est retrouvée piégée entre manque de grip et sensibilité excessive aux conditions de piste, rendant les réglages délicats et les progressions lentes.
Très vite aussi, l’équipe a pris une décision lourde de conséquences : arrêter quasi immédiatement le développement de la SF-25 pour concentrer ses ressources sur la réglementation technique 2026. Dans un sport où les évolutions aérodynamiques et mécaniques au fil des courses font souvent la différence, c’était un choix stratégique risqué — et qui s’est avéré fatal pour la saison en cours. (Formula 1® – The Official F1® Website)
Cela a eu pour effet direct que, quand les écuries voisines introduisaient de nouveaux appendices, des upgrades ciblés ou des réglages adaptés aux pistes variées, Ferrari restait figée dans ses solutions initiales — avec une performance relative qui s’érodait au fil des Grands Prix.
La dynamique interne à Maranello : réorganisation et nouveaux cadres
2025 n’a pas seulement été une saison sur la piste : elle a aussi été un acte de reconstruction interne. Dans les garages et les bureaux, Maranello s’est réorganisé.
Des noms comme Loïc Serra et Jérôme d’Ambrosio ont été associés à des responsabilités accrues dans la conception et la gestion des opérations. Là où autrefois Ferrari pouvait fonctionner autour d’un noyau technique figé ou d’un leadership déjà établi, 2025 a vu la Scuderia chercher à revitaliser sa structure technique afin de préparer l’avenir, en particulier le tournant majeur du règlement 2026.
Cette restructuration traduit une prise de conscience : la maison rouge avait besoin de nouvelles perspectives, de nouvelles méthodes, et d’un vent de changement. Mais un réalignement organisationnel fait rarement effet instantané en F1 — surtout lorsqu’il intervient en cours de saison. Bien souvent, cela prend plus d’un hiver pour transformer une écurie dans ses fondamentaux.
Ferrari sur les chiffres : où ça coince vraiment
Quand on compare avec les leaders, Ferrari n’est plus une question de talent individuel ou de stratégie pilote, mais de capacité à produire une voiture qui performe, course après course.
Dans le Championnat Pilotes 2025 :
• Charles Leclerc finit 5e avec 242 points, sans victoire.
• Lewis Hamilton termine 6e avec 156 points, lui aussi sans victoire. (L’Équipe)
À titre de comparaison :
• Lando Norris (McLaren) remporte le titre Pilotes avec 423 points.
• Max Verstappen (Red Bull) termine à 421 points.
• Oscar Piastri (McLaren) arrive troisième avec 410 points. (L’Équipe)
Ferrari n’a aucune victoire en Grand Prix à son actif en 2025 et aucune 1ère place au championnat constructeur. C’est la première fois depuis longtemps (2020) que la Scuderia termine une saison sans victoire, soulignant un recul net comparé aux attentes. (Motorsport)
Mercedes, pour sa part, profite du retrait de Ferrari du podium pour se positionner deuxième au classement constructeurs, avec 469 points — loin derrière McLaren mais devant Red Bull et Ferrari. (Formula 1® – The Official F1® Website)
Pilotes Ferrari : performances et trajectoires
Charles Leclerc — talent intact mais limité par les moyens

Leclerc a été le meilleur de l’effectif Ferrari en 2025, obtenant plusieurs podiums malgré un package qui ne lui permettait pas de rivaliser régulièrement pour la victoire. Sa 5e place au championnat, sans victoire, est une performance révélatrice : il a exploité au maximum une voiture sous-performante, tirant le meilleur de ses week-ends quand la situation le permettait.
Leclerc s’est particulièrement montré à son avantage sur les circuits techniques et à forte dégradation des pneus, où sa capacité à gérer les pneus et à optimiser le rythme en course faisait la différence. Cela dit, il lui a manqué ce grain de profondeur et de performance pure que McLaren, Red Bull et même Mercedes ont pu afficher ponctuellement. (L’Équipe)
Lewis Hamilton — une saison difficile dans un environnement encore plus exigeant

La transition d’Hamilton vers Ferrari n’a pas produit les résultats escomptés. Avec 156 points en fin de saison et aucune victoire, Hamilton a vécu une année plus compliquée que prévu, souvent à la traîne derrière son coéquipier et contraint d’exploiter une voiture en progression lente — voire stagnante — tout au long de l’année. (L’Équipe)
Dans un sport où la cohérence et la montée en puissance se font voiture entre voiture, Hamilton a été privé de l’outil compétitif nécessaire pour imposer son style ou renverser des situations difficiles. Sa saison a été ponctuée de top 5 et top 6, mais jamais de victoires ou de batailles frances pour le podium sur toute la durée d’un championnat. (L’Équipe)
Comparaisons mûries par le contraste : Ferrari vs McLaren et Mercedes
Sur le plan des ressources et de la stratégie d’équipe, l’évidence apparaît très rapidement :
🔹 McLaren a réussi à transformer une belle base technique en package gagnant, avec double titres (pilotes + constructeurs), grâce à une philosophie structurée de développement continu et une gestion de course cohérente. (Formula 1® – The Official F1® Website)
🔹 Mercedes, souvent reléguée à une phase de reconstruction après des années de domination, a su capitaliser sur son expérience et ses progrès constants, terminant deuxième du classement des écuries — une consolidation qui, sur le long terme, pourrait remettre l’écurie de Brackley dans la course aux victoires. (Formula 1® – The Official F1® Website)
🔹 Red Bull, bien que troisième, a montré une vitesse brute indéniable, notamment avec Verstappen, qui réalise une fin de saison en trombe, même si la constance a parfois fait défaut. (RacingNews365)
Comparés à ces trois équipes, Ferrari a manqué de progression technique, de constance et de capacité à faire évoluer la voiture dans des phases clés de la saison — un triple handicap qui a annihilé ses ambitions. (Formula 1® – The Official F1® Website)
Leçons tirées : erreurs et opportunités manquées

La saison de Ferrari en 2025 peut être décortiquée par plusieurs axes de défaillance :
Arrêt du développement : Mercedes, Red Bull et McLaren ont continué d’upgrader leurs monoplaces ; Ferrari, elle, a décidé très tôt d’arrêter le développement actif de la SF-25 pour préparer 2026 — un choix stratégique fort, mais qui a coûté des positions de course. (Formula 1® – The Official F1® Website)
Manque d’adaptabilité : là où d’autres équipes ajustaient leur aéro et leur setup course après course, Ferrari restait souvent sur des solutions figées, laissant filer des opportunités de points précieux.
Cohésion pilote-équipe fragile : malgré des talents indéniables chez Leclerc et Hamilton, l’écart de performance entre les deux a parfois souligné une incapacité à exploiter pleinement les capacités du package, une faiblesse que McLaren ou Mercedes n’ont pas connue.
Perspectives pour 2026 et au-delà
Alors que 2026 s’annonce comme un tournant réglementaire majeur en Formule 1 — notamment avec des évolutions techniques importantes et une nouvelle ère motoriste — Ferrari a une carte à jouer :
• Capitaliser sur l’expérience acquise — comprendre ce qui n’a pas marché en 2025.
• Aligner ses ressources humaines et techniques pour ne pas répéter les mêmes erreurs.
• Gérer l’équilibre entre pilote « star » et package compétitif, pour ne plus laisser un duo comme Leclerc–Hamilton lutter sans armes efficaces.
Le championnat du monde de F1 2025 restera pour Ferrari une année de leçons douloureuses, mais nécessaires si elle veut redevenir compétitive face à McLaren et Mercedes. (Formula 1® – The Official F1® Website)