Soudan : le chaos s’intensifie, la nation s’effondre.

KHARTOUM — La guerre civile soudanaise, qui a éclaté le 15 avril 2023 entre les Forces armées soudanaises (SAF) et la milice paramilitaire des Rapid Support Forces (RSF), s’est transformée en un enfer total pour le pays. Après plus de deux ans de combats, la violence a atteint de nouveaux sommets en décembre 2025, avec des attaques frappant non seulement les forces combattantes, mais les civils, les infrastructures vitales et même les forces internationales présentes sur le terrain. L’impact humain est colossal, la crise humanitaire d’une ampleur inouïe, et l’espoir d’une paix durable reste une illusion lointaine dans un pays en ruines.

Réfugiés soudanais fuyant les combats
Réfugiés soudanais en exode à cause des combats dans plusieurs régions du pays.

Une guerre qui se transforme, fronts actifs et intensification des attaques

Un char detruit et abandonné montrant la gravite des choses au Soudan, symbole de la violence et de la destruction dans le pays

Intensification des combats au Soudan

L’intensification des combats au Soudan est évidente ces dernières semaines. Les attaques par drones, jusque-là sporadiques, se multiplient et frappent des objectifs civils et militaires cruciaux.

Villes plongées dans l’obscurité

Les grandes villes, dont Khartoum et Port Sudan, ont été plongées dans l’obscurité après des frappes aériennes qui ont détruit des infrastructures électriques stratégiques. Les officiels accusent les RSF de ces attaques. Elles ont provoqué des coupures de courant généralisées et tué des civils.

Attaques contre les civils au Kordofan

Dans la région du Kordofan, plus de cent civils ont perdu la vie dans des attaques de drones, selon l’ONU. L’organisation dénonce l’usage de ces armes contre des écoles, des hôpitaux et d’autres infrastructures vitales, pas seulement contre des cibles militaires.

Cette escalade ne constitue pas un simple épisode ponctuel. Les deux camps continuent leurs opérations offensives lourdes, malgré des déclarations intermittentes de trêve. Sans forte pression internationale, toute désescalade semble improbable.

Les forces en présence et leurs stratégies

SAF et reconquête territoriale

La SAF, branche officielle de l’armée soudanaise dirigée par le général Abdel Fattah al-Burhan, tente de reconquérir des territoires perdus et de maintenir sa légitimité institutionnelle. Son contrôle effectif sur le territoire reste toutefois contesté.

RSF et autonomie militaire

Face à elle, les RSF, dirigées par Mohamed Hamdan Dagalo, alias Hemedti, ont consolidé leur pouvoir territorial, notamment au Darfour et au Kordofan. Cette milice, initialement intégrée à l’armée, est devenue autonome et constitue désormais le principal adversaire de l’armée régulière.

La lutte de pouvoir s’est transformée en guerre totale. L’affrontement oppose non seulement des forces militaires, mais aussi des visions différentes du Soudan. L’appropriation des ressources, des lignes de communication et des infrastructures économiques devient un facteur déterminant.

Atrocités, crimes de guerre et terreur ciblée

La lutte de pouvoir s’est transformée en guerre totale. L’affrontement oppose des forces militaires, mais aussi des visions différentes du pays. L’appropriation des ressources, des lignes de communication et des infrastructures économiques devient cruciale.

Crimes contre les civils

Le conflit n’est pas seulement armé : il est devenu un théâtre d’atrocités systématiques contre les civils. Selon un rapport de l’ONU publié le 18 décembre 2025, les RSF ont massacré plus de 1 000 civils dans le camp de Zamzam lors d’une attaque de trois jours en avril. Les exécutions, violences sexuelles et détentions arbitraires constituent des violations flagrantes du droit humanitaire.

Populations vulnérables ciblées

Les frappes de drones ont également frappé des marchés et d’autres lieux publics, comme à Omdurman, faisant des dizaines de morts et centaines de blessés, dont de nombreux civils pris dans la violence aveugle.

Darfour : symbole de la terreur

Au Darfour, la ville d’El Fasher illustre la gravité de la guerre. Les exécutions de civils, violences ethniques et terreur organisée rendent la région presque inhabitable. Des dizaines de milliers de morts témoignent d’une campagne d’épuration à grande échelle.

Ces crimes dépassent la brutalité de la guerre conventionnelle. Ils relèvent de la terreur systématique et de l’élimination ciblée de segments civils, souvent selon des critères ethniques ou politiques.

Civils pris au piège : déplacements, famine, maladie

Dans un pays déjà fragile avant la guerre, la crise humanitaire est aujourd’hui la pire au monde.

Selon l’ONU et ses agences spécialisées, plus de douze à treize millions de personnes ont été contraintes de fuir leurs foyers. Cela crée la plus massive crise de déplacés internes et de réfugiés en Afrique.

Le Programme alimentaire mondial indique que près de la moitié de la population souffre d’insécurité alimentaire aiguë. De plus, des centaines de milliers de personnes vivent dans des conditions de famine déclarée ou imminente. La situation reste particulièrement critique dans les zones assiégées ou difficiles d’accès.

L’effondrement des services de base et l’insécurité généralisée favorisent également des flambées de maladies. Le choléra, la dengue et d’autres épidémies se propagent rapidement, surtout là où l’accès à l’eau potable, à la nourriture et aux soins est limité. Ce que la guerre ne tue pas directement, elle le laisse mourir par rupture des moyens de subsistance.

Infrastructure, économie et société civile : destruction et survivance

Diplomatie internationale, médiations et impasse stratégique

Les efforts diplomatiques, bien que nombreux, restent à ce stade largement inefficaces.

Les États-Unis et d’autres grandes puissances poussent pour une trêve humanitaire et pour des négociations, mais les engagements sur le terrain se heurtent à la méfiance et à l’intransigeance des belligérants.

Pendant ce temps, l’Union européenne, le Royaume-Uni et certaines organisations régionales imposent des sanctions ciblées contre des commandants des RSF pour leurs responsabilités dans des massacres. Ces mesures incluent des gels d’avoirs et des interdictions de voyager, mais elles ne suffisent pas à ralentir la machine de guerre qui broie le pays.

L’ONU continue à dénoncer les violations massives et à appeler à la responsabilité internationale, notamment après des attaques contre des Casques bleus, qualifiées de possibles crimes de guerre, mais l’application concrète de ces appels reste incertaine.

À retenir : un pays déchiré, un échec collectif

Le Soudan, jadis un carrefour stratégique d’Afrique de l’Est, est aujourd’hui une terre fracturée par un conflit sans issue évidente. Les combats ont dépassé le cadre d’une guerre civile traditionnelle et se sont transformés en un ensemble d’opérations brutales visant à détruire non seulement l’adversaire, mais la capacité même de la société à survivre.

La crise humanitaire est l’une des pires du monde, combinant famine, déplacements massifs, attaques contre les civils, maladies et destruction systématique des services essentiels.

Aucune solution politique ne se dessine clairement à l’horizon, et tant que les acteurs internationaux continueront à naviguer entre intérêts géopolitiques et incapacité à imposer un cessez-le-feu durable, le Soudan restera un pays pris dans une spirale de violence et de souffrance.

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Ecrit par :Eric Hightower

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